NOVEMBRE 2023
Avis rendu par l'Assemblée citoyenne de Bourges. A l’attention de Monsieur le Maire pour le Conseil municipal.
Le Maire de Bourges, Yann GALUT a sollicité avis et propositions de l'Assemblée citoyenne de Bourges sur la thématique suivante : Bourges, ville contributive et inspirante pour agir à son niveau sur les effets du dérèglement climatique.
Pour répondre à cette sollicitation les membres de l’Assemblée citoyenne ont défini quatre enjeux : « mode de vie », « ressources naturelles », « alimentation » et « social », lors de la séance plénière.
Les membres de l’Assemblée se sont réunis cette année en atelier. Ces derniers ont permis de définir les enjeux, d’émettre des propositions concrètes et de déterminer un accompagnement par les forces vives du territoire berruyer.
Ce travail cumule 8 séances de recherche, de documentation, de réflexions et d’échanges.
En parallèle de ces sessions de travail, l’Assemblée citoyenne a lancé un appel à idées aux Berruyers et Berruyères afin de mobiliser et d’engager dans cette démarche le plus grand nombre.
ENJEU #1 : " MODE DE VIE "
La loi énergie climat du 8 novembre 2019 vise à une neutralité carbone en 2050, en divisant les émissions de gaz à effet de serre par 6 d’ici cette date. La Stratégie Nationale Bas Carbonne instaurée en 2015 définit la neutralité carbone par la séquestration de 80 millions de tonnes de CO2 par an en France, qui compenserait les 80 millions de tonnes de CO2 émises.
Les membres de l’Assemblée citoyenne se sont penchés sur l’enjeu « Mode de vie ». Lorsque que l’on parle de notre mode de vie, cela comprend notre manière de se déplacer, de manger, nos loisirs, nos achats quotidiens. De manière générale, notre mode de vie de définit par notre émission annuelle de CO2. Plus notre émission est grande, plus notre manière de vivre pèse sur le dérèglement climatique.
Suite aux échanges avec les membres de l’AC sur leur vision de l’enjeu « Mode de vie », deux thèmes sont ressortis : la mobilité et la consommation.
LA MOBILITE : Comment ne pas parler de mobilité lorsqu’on évoque le mode de vie ? En l’occurrence la mobilité se veut douce pour les membres de l’AC. Il ne s’agit pas de chasser la voiture des villes, mais bel et bien la laisser le maximum possible au garage. Comment engager un dialogue sur les causes de cette montée en puissance de la place des voitures au sein des villes ? Tout l’enjeu est de faire prendre conscience à tout à chacun de son impact sur l’environnement tout en adoptant un discours non culpabilisant. Il s’agit de comprendre les causes pour s’attaquer aux conséquences.
Nos préconisation : Changement de mentalités et plan d’action municipal sont au cœur des débats de cet atelier. Ces changements de mode de vie pourraient s’opérer par le biais :
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D’une accélération du développement de pistes cyclables et de parcours pédestres,
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Le développement des circuits de bus (dessertes et horaires élargis),
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La création d’aires de co-voiturage pour petits et longs trajets par quartiers.
LA CONSOMMATION : A ce jour la consommation annuelle d’un citoyen produit 10 tonnes d’émission de CO2 par an. Ce chiffre comprend le transport, les loisirs, le logement, l’alimentation. Afin de réduire notre impact sur l’environnement, il serait souhaitable de passer de 10 tonnes à 1.2 tonnes d’émission de CO2 par an et par personne, ce qui revient à diviser par 6 notre production de CO2. Comment consommer mieux, moins ? Pour mieux consommer faut-il consommer moins, différemment ou bien les deux ? Cela nécessite-t-il de dépenser davantage pour consommer « mieux » ? Qu’est-ce que mieux consommer ? Les membres de l’AC ont échangé sur ces questions de fond. Réduire sa consommation fait partie du vocabulaire courant. Qu’il s’agisse d’énergie, de nourriture, de nos déplacements motorisés, on entend partout qu’il faut réduire !
L’Assemblée Citoyenne s’est donc interrogée sur les modalités de ces changements d’habitudes. Comment sortir de l’économie linéaire « acheter, consommer, jeter » ? Il s’agit dans un premier temps d’apprendre à consommer autrement.
Nos préconisations : Le constat le plus souvent évoqué par les membres est le lien entre consommation et gaspillage". Il est donc nécessaire d'opérer un changement de nos consommations incité par une sensibilisation au "plus responsable, à la lutte contre le gaspillage alimentaire ou non et une économie énergétique. Cela passe par des actions :
A l'échelle du foyer, du cercle amical, du lieu de travail , du l'espace associatif, de loisirs :
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Consommer mieux s’apparente à une consommation plus locale, car moins énergivore (moins de transport, moins d’emballage et des produits de saison)
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Consommer ne signifie pas exclusivement « acheter neuf ». Au contraire, privilégier le prêt, l’occasion ou même la réparation permet de réduire notre impact carbone,
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Penser à éteindre les lumières, débrancher les appareils en veille
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Réduire son temps d’écran et opter pour des loisirs moins énergivores ou encore l’importance des rénovations énergétiques des logements pour les professionnels et les particuliers.
Et à l'échelle de la collectivité :
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Cela passe par la création de potagers ou de composteurs collectifs ou individuels par le biais d’ateliers citoyens portés par les associations ou collectifs compétents.
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Création d'un comité municipal pour la mise en place de jardins municipaux partagés.
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Créations et/ou communication sur les espaces dédiés au partage de matériel et de savoir–faire.
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Donner plus de clés pour une baisse de la consommation énergétique.
ENJEU #2 : " RESSOURCES NATURELLES "
Restriction de l’usage de l’eau, interdiction d’usage de pesticide, engagement d’une trajectoire de zéro artificialisation nette ou encore déploiement des zones à faibles émissions, nombre d’action ont été engagés au niveau national pour permettre une protection des ressources naturelles.
Qu’entend-t-on par ressources naturelles ? Cela nous évoque deux catégories de ressources : les renouvelables et les épuisables. L’eau, le soleil, le vent et la terre sont des ressources naturelles renouvelables, a contrario, la faune, la flore et les ressources minières sont quant à elles épuisables. Néanmoins les épisodes de sécheresses que le Cher et plus largement la France a connu ces dernières années nous ont montré que les réserves d’eau peuvent, elles aussi, s’amenuiser.
Mais concrètement, comment agir à notre échelle pour réduire l’épuisabilité des ressources naturelles ? Valoriser et végétaliser sont les deux mots d’ordre de l’Assemblée citoyenne. Les membres de l’AC ont réfléchi à des gestes réalisables par tous au quotidien.
VALORISER : Tout ce qui nous entoure ou presque peut être recyclé, cela vaut également pour les ressources naturelles comme l’eau. Qu’il s’agisse d’un robinet laisser ouvert lors du brossage des dents, d’une fuite dans les toilettes, d’une douche qui s’éternise, nombre d’actions que nous exécutons au quotidien sont responsables de l’accélération du gaspillage de l’eau. Si l’on regarde les chiffres, sur une consommation quotidienne de 150 litres par habitants, seul 1% est bu.
Comment préserver cette ressource essentielle avec des petits gestes du quotidien ? Dans un premier temps, il faut changer notre regard sur cette ressource. En France un simple geste suffit pour y avoir accès. Mais l’eau potable n’est pas nécessaire à toutes nos activités. Recycler l’eau n’est pas seulement bénéfique pour l’environnement, cela revient également à une réduction de nos factures.
Nos déchets organiques et verts sont également propices à une valorisation. Les déchets organiques représentent un tiers des poubelles d’un ménage. Ces déchets sont sources d’émission de méthane dans l’atmosphère lorsqu’ils sont enfouis et entassés.
En France la gestion biologique (compostage/méthanisation des déchets organiques) ne représente que 14 % des modes de traitement des déchets.
Comment inverser la tendance ? Sensibiliser et accompagner pour permettre à chacun de réduire son impact environnemental par la valorisation de ses déchets. Aujourd’hui de nombreuses collectivités s’engagent pour améliorer le traitement de ses déchets, comme c’est le cas de l’Agglomération Bourges Plus avec la création d’un nouveau centre de tri et la mise en place de composteurs partagés.
Prendre de nouvelles habitudes est la première étape pour réduire et responsabiliser notre consommation d’eau.
Nos préconisations : A l'échelle du foyer, du cercle amical, du lieu de travail , du l'espace associatif, de loisirs :
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Privilégier l’eau du robinet afin de réduire considérablement sa consommation de plastiques,
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Economiser sa consommation d’eau en coupant l’eau sous la douche lors du lavage,
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Privilégier le lave-vaisselle plutôt qu’une vaisselle à la main,
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Récupérer l’eau ménagère, de pluie chez soi.
Et à l'échelle de la collectivité :Favoriser les bassins naturels en ville, reviendrait à économiser des centaines de litre d’eau par an.
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Récupérer l’eau de pluie sur les bâtiments publics (écoles, structures sportives, parcs et jardins, mairie etc.),
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Poursuivre les engagements de restriction d'arrosage et d'entretien des espaces verts dans le respect de l'environnement.
La préservation des ressources naturelles passe également par appel au civisme. Nombres de mégots ou déchets plastiques ornent les rues. Rappelons nous qu’un mégot peut polluer 500 litres d’eau et on estime entre 20000 à 25000 tonnes la quantité de mégots jetés chaque année en France.
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Sensibiliser aux conséquences de cette pollution visuelle et environnementale fait partie des axes principaux soulevés par l’Assemblée citoyenne par une grande campagne de communication et d'actions (lieux ciblés : établissements scolaires, stades etc.).
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Organisation de ramassage collectif des déchets à l'échelle de sa rue ou de son quartier.
PRESERVER : La demande se fait pressante tant au niveau local que national : davantage de nature en ville. Un retour au végétal après de nombreuses années d’artificialisation des sols. Plus d’arbres, d’espaces verts, de rocade verte, de jardins partagés, les villes se veulent plus vertes.
Le changement climatique a poussé les villes à s' interroger de nouveau sur la place du végétal, et pour cause, un nombre important de bénéfices. Réduction de la pollution, réduction de la chaleur, meilleure gestion des eaux pluviales, développement d’une alimentation de proximité, retour de la biodiversité favorisé ou encore développement des espaces conviviaux. Le constat de nombreux bénéfices pour les habitants et l’environnement.
Nos préconisations : La végétalisation des espaces publics doit s’entendre en termes de réduction d’artificialisation des sols pour laisser une place plus importante aux espaces verts. Il s'agit pour tous (citoyens et collectivité), de porter un nouveau regard sur les sols et leur importance dans la lutte contre le réchauffement climatique.
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Prenons l’exemple des parkings, des cours d'écoles, ces grandes étendues de bitume pourraient laisser place à des espaces herborés ou à des enrobées plus drainantes,
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Sensibiliser sur l'importance et les bénéfices d'espacer la tonte des pelouses et de l'intérêt de converser au maximum l'état naturel des sols,
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Végétaliser les trottoirs permettrait une meilleure infiltration de l’eau dans les sols et le développement de la biodiversité en milieu urbain (permis de végétaliser).
Comprendre l’environnement et ses enjeux s’avère être une étape essentielle pour sa préservation.
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Sensibilisation par le biais d’ateliers déclinables selon les lieux d’exercices et les volontés de chacun (ex : conversations carbone),
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Etre informé sur les possibilités de culture, de compostage, de préservation de la faune et de la flore par une démarche de collaboration et de mis en relation des acteurs (s'inspirer des villes collaboratives).
Préserver l’environnement est un acte de civisme qui doit être mis en application dès le plus jeune âge.
ENJEU #3 : " ALIMENTATION “
Les échanges des membres de l’AC autour de cette question ont d’abord posé celle, de quoi parle-t-on ? D’une alimentation naturelle ou industrielle ?
Alimentation naturelle signifie issue du la production agricole, élevage, agriculture et de potager et plus particulièrement au niveau local. Cela induit le respect de la saisonnalité. Industrielle signifiant la présence de produits chimiques ou dangereux pour la santé, les productions agricoles intensives, les émissions de carbones impactant l’environnement.
Une nuance doit être apportée en prenant en compte le défi que constitue le fait d’alimenter l’humanité et qui nécessite des moyens d’ampleur. Comment nourrir les hommes tout en étant vertueux, en respectant des ressources naturelles, en préservant l’efficacité des productions, et en garantissant les faibles émissions de CO2, gaz à effets de serres ?
S’ALIMENTER AUTREMENT : Ensuite ont été soulevées les questions de l’alimentation dans le cadre du régime alimentaire avec des changements depuis 10 ans par l’apparition dans le paysage des régimes végétariens, végétaliens et Végan.
Et vient immédiatement la question de l’équilibre alimentaire et de l’éducation à l’alimentation. Les restaurations collectives scolaires et les restaurants privés sont identifiés comme des enjeux et des espaces incontournables voire des leviers potentiels pour produire des changements à l’échelle locale.
Nos préconisations : A partir de la restauration scolaire comme point d’entrée pour éduquer à une alimentation plus saine, quelles initiatives prendre à l’échelle de la ville ? Manger mieux s’apparente à transformer radicalement la production alimentaire à l’échelle locale :
A l'échelle du foyer, du cercle amical, du lieu de travail , du l'espace associatif, de loisirs :
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Echanger des savoir-faire, des trocs de graines, de plantes,
A l'échelle de la collectivité :
La restauration collective constitue un levier pour initier des changements, il s'agit de:
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Proposer une éducation alimentaire basée sur la diversité et le plaisir et sensibiliser sur les bénéfices (nutritionnels, gustatifs, écologiques. Ex : 1 repas végétariens par semaine),
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Lutter contre le gaspillage alimentaire,
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Favoriser les achats en circuits courts,
D'autres actions peuvent être menées parallèlement :
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Favoriser la réimplantation de fermes urbaines (la ferme des beaux regards),
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Développer les marchés et sensibiliser à l’achat sur les marchés,
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Prendre des initiatives pour rendre visible les producteurs locaux à l’échelle des quartiers, par le biais de marchés locaux, de Food trucks etc…,
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Favoriser la production collective (jardins partagés),
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Mutualisations des achats de matériels (ex : composteurs), ouverture de frigos solidaires (légumes), espaces spécialisés pour le dépôt de denrées.
Et de manière commune (citoyens et collectivités) peuvent :
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Favoriser le recyclage des produits, la mise en place de défis (ex : que faire… avec un 1M² de jardin ?)
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Organiser des portes ouvertes avec les producteurs et des temps de trocs échanges (jardinages, maraîchages, alimentation…).
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Initier des actions solidaires (ex : une épicerie mobile pour se rapprocher des personnes à mobilité réduite).
GASPILLAGE ET DECHETS : La question du gaspillage à l’échelle des ménages et des communautés (communes et Agglomération) est identifiée comme un problème concernant tout le monde. De la famille aux restaurations collectives, des restaurants conventionnels à la restauration rapide, les distributeurs quels qu’ils soient. Tous ces modes de consommation induisent du gaspillage dont les volumes ne cessent d’augmenter. L’enjeu est très important et fait intervenir des acteurs différents.
Nos préconisations : Comment agir sur le gaspillage (conditionnement et les quantités), influer pour une baisse des invendus ? Comment inciter au compostage ?
A l'échelle du foyer, du cercle amical, du lieu de travail , du l'espace associatif, de loisirs :
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Proposer des ateliers de cuisine et cuisiner les restes
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Organiser une bourse aux légumes « moches »
A l'échelle de la collectivité :
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Nécessité d’informer plus et mieux.
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Comment agir pour faire diminuer les implantations de la restauration dite de la « mal bouffe » ?
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Soutenir les initiatives ou actions à l’échelle du quartier, de la rue etc.
ENJEU #4 : " SOCIAL ET CLIMAT "
C’est un sujet à la fois philosophique et très concret. Une question s’est donc posée : L’écologie peut-elle être populaire ? Pour les participants, la réponse est plutôt oui : d’abord historiquement le fait de connaitre la nature, de vivre avec la nature était une valeur populaire. Aujourd’hui la sensibilité à la nature a été perdue pour une majorité.
La question qui en découle est donc : est- ce possible de la rendre populaire ? Mettre en avant les bénéfices récoltés par l’emploi de pratiques plus respectueuse de l’environnement est l’une des clés pour rendre l’écologie populaire. En faisant évoluer le regard sur l’écologie, on peut en tirer un bénéfice : une réduction de la consommation pour une réduction des coûts.
La solidarité est un terme revenu à de nombreuses occasions lors des ateliers. La solidarité au sens de l’entraide comme « remède » contre le dérèglement climatique.
Nos préconisations : L’éducation à l’écologie, sous forme d’ateliers, constitue un moyen de créer des liens sociaux et de rendre cette notion populaire.
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Des propositions sociales autour de la lutte comme le gaspillage,
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La mise en place d’actions pour partager (voitures, buanderies etc..) à l’échelle du quartier et de la ville.
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Soutenir la mise en place d’ateliers solidaires sur différentes thématiques, tel un réseau de partage de savoir-faire.
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Mise en place de navette les soirs de matchs ou de représentations culturelles.
L'Assemblée citoyenne constate que ces préconisations nécessitent la mobilisation commune des citoyens et de la collectivité pour une efficacité réelle dans la lutte contre le dérèglement climatique.